Le 11 juillet, le procureur de Manhattan et les avocats de DSK annonçaient le report de l'audience de DSK prévue le 18 juillet.
Un report justifié par le bureau du procureur par le fait de "permettre aux deux parties de poursuivre leur enquête sur cette affaire". Mardi 26 juillet, quatre jours avant l'audience, les avocats de DSK ont annoncé avoir donné leur accord pour repousser cette audience au 23 Août, précisant, à l'instar de la fois précédente, qu'ils espèrent d'ici là voir le procureur abandonner l'ensemble des charges pesant toujours sur leur client.
L'enquête se poursuit
Dans un laconique communiqué, les conseils de l'ex patron du FMI, Benjamin Brafman et William Taylor, indiquent aussi qu'ils "comprennent que le procureur continue d'enquêter", rapporte le "New York Times". Ce que le bureau du procureur n'a pas tardé à confirmer, sans plus de précisions : "l'enquête dans le cadre de cette affaire pénale en cours se poursuit."
Cette annonce du report d'une audience de procédure déjà différée intervient au lendemain de la sortie médiatique de Nafissatou Diallo, qui, sur les conseils de ses avocats, a décidé de briser le silence pour offrir sa version aux médias américains NewsWeek et ABC News.
La sortie médiatique de la plaignante a-t-elle influencé ce report ?
Le temps nécessaire à la vérification de ces déclarations publiques avec celles tenues précédemment par la plaignante explique-t-il, au moins partiellement, ce nouveau report ?
"Soit le procureur estime que les déclarations corroborent les précédentes et son dossier est renforcé, soit certaines ne sont pas exactement les mêmes et cela peut l'affaiblir " confiait lundi au Nouvel Observateur l'avocat aux barreaux de Paris et New York Me Stehlin.
Recontacté mercredi, il ajoute que le procureur doit maintenant "analyser dans le détail l'ensemble des déclarations et des preuves pour voir si les éléments tendant à la décrédibiliser sont, ou non, contrebalancés par les éléments nouveaux qui corroborent sa thèse." D'ailleurs, comme l'indiquait le tabloïd américain New York Post citant "des sources" sans plus de précision, Nafissatou Diallo s'est présentée ce mercredi 27 juillet au bureau du procureur de Manhattan.
Des vérifications sur la conversation téléphonique avec le détenu ?
Le procureur de Manhattan souhaite-t-il approfondir ses investigations sur certaines déclarations, comme, par exemple, cette conversation téléphonique avec un détenu dont la plaignante conteste la retranscription ?
C'est ce qu'affirme aussi le New York Post . Dans le troisième extrait de son interview à la chaîne ABC News, Nafissatou Diallo affirme ne pas avoir tenu les propos "ne t'inquiète pas, cet homme a beaucoup d'argent, je sais ce que je fais," : "je n'ai jamais dit ça" répète-t-elle à la journaliste Robin Roberts, "j'ai employé les mots 'je sais ce que je fais quand il m'a questionné au sujet de l'avocat."
Comme le suggère Me Stehlin, il est également possible que le procureur dispose d'autres éléments ou témoignages nécessitant vérification.
L'affaire Banon a-t-elle pu avoir une incidence ?
L'affaire Banon et déplacement de son avocat mardi dernier à New York a-t-il pu jouer un rôle dans ce report ? Si Le Figaro a annoncé mercredi 20 juillet que Tristane Banon allait "être entendue prochainement pour témoigner dans le volet américain de l'affaireDSK" , l'avocat de la jeune femme, David Koubbi, n'a pas confirmé cette information, expliquant toutefois que "si une demande d'entraide est soumise aux autorités françaises et qu'elles l'acceptent, y répondra favorablement." Interrogé par Le Nouvel Observateur lundi 25 juillet, Me Koubbi indiquait ne pas avoir eu de nouvelles, depuis, des Etats-Unis.
Et cette annonce de plainte au civil contre DSK ?
Douglas Wigdor, un des avocats de Nafissatou Diallo, a annoncé en début de semaine que sa cliente comptait prochainement déposer une plainte au civil.
Une démarche attendue qui vise à obtenir une réparation financière pour le préjudice subi expliquait mercredi au Nouvel Observateur le professeur de droit américain Jean-Eric Branaa.
Il pense que cette annonce n'a pu avoir que peu d'incidence, voire aucune, sur le report de l'audience. Et rappelle que les procédures au pénal et au civil sont "différentes autant que leur finalité et leurs enjeux".
Un report peu surprenant ?
Contactés mercredi 27 juillet par Le Nouvel Observateur, plusieurs avocats aux barreaux de Paris et New York déclarent ne pas avoir été surpris par ce report d'audience. "Compte tenu de l'ensemble des récents développements, dont l'affaire Tristane Banon et les déclarations de Nafissatou Diallo à la presse, le procureur doit continuer à mener son enquête et évaluer sereinement la possibilité de mener, ou pas, un procès" commente Marc-Pierre Stehlin.
Selon son confrère Ron Soffer, ce nouveau report démontre au minimum que, malgré les interviews de la plaignante, le procureur "hésite toujours". "Ou bien a-t-il décidé d'abandonner les charges et attend-il les résultats de quelques éléments d'enquête" s'interroge-t-il aussi.
Le procureur "poursuit sa stratégie"
Le professeur de droit américain Jean-Eric Branaa, pour lequel ce report était même "assez prévisible", pense pour sa part que le procureur "poursuit sa stratégie et son enquête : maintenant que le témoin a parlé publiquement, il sait que la défense va l'attaquer sur sa crédibilité, et il faut qu'il puisse contrer cela." Il rappelle aussi le statut politique du procureur et l'approche des élections ainsi que l'importance, à New York, de la lutte contre les crimes et les agressions sexuelles qui ne peut être exclue de sa "stratégie globale".
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