L'ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy, Stéphane Richard conteste qu'il ait pu y avoir "un feu vert" ou une "insistance" de l'Elysée en faveur de la procédure d'arbitrage dans le dossier Bernard Tapie/Crédit Lyonnais, dans une interview aujourd'hui au JDD.
Aujourd'hui patron de France Télécom, Stéphane Richard juge en outre "totalement absurde" que Christine Lagarde ait pu demander "que l'on ajoute" après coup la notion de préjudice moral qui n'aurait pas été inscrite dans le protocole initial.
La CJR a ouvert jeudi une enquête sur la directrice générale du Fonds monétaire International (FMI), Christine Lagarde, pour son rôle dans l'affaire Tapie/Crédit Lyonnais quand elle était ministre française de l'Economie. Cela concerne l'arbitrage ayant mis fin en juillet 2008 au conflit entre Bernard Tapie et l'ancienne banque publique Crédit Lyonnais, au sujet de la vente d'Adidas en 1993.
Du délire complet
Le tribunal arbitral, juridiction privée, avait condamné le Consortium de Réalisation (CDR), structure publique qui gérait le passif du Crédit Lyonnais, à verser à l'homme d'affaires 285 millions d'euros d'indemnités, dont 45 millions à titre de préjudice moral (400 millions d'euros avec les intérêts).
On reproche à Christine Lagarde d'avoir recouru à cet arbitrage privé alors qu'il s'agissait de deniers publics, d'avoir eu connaissance de la partialité de certains juges arbitres, d'avoir fait modifier le protocole initial pour y intégrer la notion de préjudice moral et de ne pas avoir exercé de recours contre cet arbitrage controversé alors que plusieurs spécialistes l'y avaient encouragée.
Alors que plusieurs médias n'hésitaient pas vendredi à évoquer l'implication de l'Elysée dans le dossier, Stéphane Richard assure avoir été "en contact régulier avec la présidence de la République". "Mais il n'y a eu ni insistance particulière ni feu vert de l'Elysée", indique-t-il, précisant qu'à l'époque aucun service de l'administration "ne déconseille formellement l'arbitrage".
Selon lui, Bercy n'est pas intervenu dans le choix des trois membres du tribunal arbitral et il conteste avec force que la ministre ait pu demander "que l'on change un mot dans le compromis d'arbitrage" afin d'y intégrer la notion de préjudice moral. "C'est du délire complet", "totalement absurde", estime-t-il.
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