La semaine dernière, selon la formule consacrée, "la Ligue des champions a repris ses droits". Une formule, des droits... les termes sont assez pertinents pour aborder la face économique d'une compétition qui écrase l'Europe du foot de tout son poids, faisant (mais ne défaisant pas) les rois du continent.
En août, l'UEFA a rendu public le montant record des sommes distribuées aux participants de l'édition 2010/2011: 754 millions d'euros, soit une hausse de près de 30% par rapport à la saison précédente. Sur le podium: Manchester United (53,2 millions), Barcelone (51) et Chelsea (44,5).
Depuis le début des années 2000 et à la faveur de l'explosion des droits de télévision, la C1 est devenue une redoutable machine à générer des revenus.
Surtout, l'UEFA a instauré un système de répartition qui fait aller ces revenus aux clubs qui en disposent déjà le plus.
Seul un esprit candide pourrait en effet s'imaginer que ces ressources sont distribuées de façon égalitaire entre les participants, ou du moins seulement en fonction du mérite sportif c'est-à-dire de leur parcours dans la compétition.
Une part fixe (moins du tiers de l'enveloppe) est certes attribuée, ainsi qu'une autre liée aux points marqués en phase de groupe et aux qualifications ultérieures, mais cette dernière compte pour moins du quart du total.
Le véritable levier réside dans la part baptisée "Market Pool", représentant 45% du magot et indexée... sur le montant des droits de télévision réglés par chaque pays.
Une véritable prime à la richesse, au travers de laquelle l'UEFA privilégie une logique purement économique: celle de ses propres revenus.
C'est ce levier qui permet par exemple au Bayern, éliminé en huitièmes de finale, de toucher 50% de plus que le Shakhtar Donetsk qui est pourtant allé en quarts (pour le même parcours que le club ukrainien, Chelsea encaisse carrément le double).
Autre effet pervers: la déshérence et la paupérisation de la Ligue Europa qui a pris la succession de l'ex-Coupe de l'UEFA, dite C3 (la C2 ou Coupe des coupes ayant disparu entre-temps), sous-dotée au point qu'elle coûte de l'argent à de nombreux clubs qui la disputent, chacun d'entre eux devant négocier ses propres droits TV avec les diffuseurs.
Le résultat est évidemment une Europe à deux vitesses, avec une Ligue des champions qui parvient à dévaluer à la fois les championnats nationaux et les sélections nationales (lire "Clubs: prendre la place de la nation").
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