La question a été posée sur Twitter par le journaliste de Mediapart Fabrice Arfi : dans son communiqué visant à mettre hors de cause Nicolas Sarkozy dans l'affaire Karachi, l'Elysée affirme que "le nom du chef de l'Etat n'apparaît dans aucun des éléments du dossier".
De plus, ajoute le communiqué, il "n'a été cité par aucun témoin ou acteur du dossier" judiciaire.
Ces deux affirmations semblent surprenantes : comment, en effet, l'Elysée peut-il affirmer que le nom de M. Sarkozy n'apparaît pas dans ce dossier sans y avoir eu accès ?
Or le chef de l'Etat ou la présidence ne sont pas parties civiles, en principe, et n'ont aucune raison d'avoir pu consulter un dossier d'instruction en cours.
Interrogé en marge du déplacement du chef de l'Etat à New York par Arnaud Leparmentier, qui suit l'Elysée pour Le Monde, un proche du chef de l'Etat a répondu, laconique : "On lit l'AFP".
Vérification faite, l'agence france presse n'a jamais publié de dépêche donnant une telle information.
Le président du syndicat de l'union syndicale des magistrats (USM, majoritaire),Christophe Regnard, interrogé sur ce point par l'AFP, a jugé :
"C'est clairement une violation du secret de l'instruction". Pour lui, "c'est clairement une violation du secret de l'instruction. C'est assez incroyable que l'Elysée reconnaisse aussi benoîtement qu'il a eu accès à des pièces. Cet affichage est assez anormal."
"Il ne faut pas être naïf", ajoute le magistrat : "On sait que les informations remontent. Mais d'habitude cela demeurait caché." "Objectivement, ça sent la panique à bord", conclut-il.
LES VIEILLES MÉTHODES TROTSKISTES
L'affaire commence à agacer l'entourage présidentiel. Le même proche de M. Sarkozy a fait plusieurs allusions : "La théorie de l'amalgame, on connaît. C'est des vieilles méthodes trotskistes", a-t-il lancé, réemployant les mots dont l'UMP s'était servie en 2010 contre Mediapart.
Le même s'en prend également à la gauche :
"On ne va pas se faire donner des leçons par des gens mis en cause dans l'affaire DSK ou du sang contaminé".
Allusions transparentes à François Hollande et Laurent Fabius.
Les députés socialistes ont à nouveau demandé, jeudi 22 septembre, la levée du secret défense qui empêche la consultation de documents à même de faire avancée l'affaire.
Agacé de cette nouvelle affaire, Claude Guéant a demandé jeudi, en marge d'un déplacement à Meaux (Seine-et-Marne) :
"Cessons les boules puantes" et"laissons la justice faire son travail".
Jean-François Copé, qui l'accompagnait, a indiqué qu'il ne "commenterait pas" le développement des affaires car "il faut faireconfiance à la justice".
Un calme qui contraste avec le ton employé par d'autres figures de la majorité. Franck Riester, député UMP de Coulommiers, a pour sa part critiqué le PS, dénonçant "la surenchère nauséabonde jouée par le PS dans l'affaire de l'attentat de Karachi".
Dans un communiqué, François Fillon a dénoncé jeudi soir des "attaques insidieuses et calomnieuses" contre le chef de l'Etat.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire