dimanche 10 juillet 2011

Kate Moss: mariage dans un jardin anglais

                                                                                          


Cheveux châtains, ou décolorés blonds, yeux noisette, 1,70 mètre pour 55 kilos environ. Puisque souvent dénudée, on peut définir sa poitrine ainsi : modeste mais avec de la tenue. 

Deux tatouages d’anges en bas des reins, une ancre de marine sur le poignet droit, un cœur minuscule entre le pouce et l’index. Age : 37 ans. Origine : Croydon, banlieue sud de ­Londres. Indice : c’est la plus célèbre top model des dernières années et elle a ­disparu du monde des célibataires. Kate Moss, of course ! L’autre Kate d’Angleterre, la seule qui vaille pour ceux qui aiment la fête, les fringues, la bière, le rock, les pubs et le bar du Ritz, la beauté et les garçons qui ne travaillent pas ­derrière un bureau. 

Celle qui a ­toujours vendu aux annonceurs, et au monde, l’image d’une fille affranchie, libre de toute attache officielle, s’est fait passer la corde au cou le 1er juillet. Par amour pour Jamie Hince, pour la robe aussi, sublime création années 20 de l’ami John Galliano, et pour faire la fête, quand même. Kate Moss est anglaise.

La veille de son mariage, après les répétitions dans la petite église, elle s’est donc comportée comme telle, sirotant des coupes de champagne dans son pub local préféré, The Swan à Southrop, tout près de sa grande maison de Little ­Faringdon, Cotswolds. Avec Jamie, elle est ­apparue en robe turquoise et vert flottante, jolie, souriante, sosie de ­Bardot, saluant, embrassant, parlant à tous les proches déjà présents. 

Aucun snobisme, aucune pose, mais la joie palpable de tomber dans les bras de la propriétaire du pub, de sa copine très expressive Fran Cutler, de Marlon Richards, le fils de Keith Richards, et de sa femme, l’ancien mannequin Lucie de La Falaise. Les ­petits-enfants de Keith, tous blonds, Ella, Orson et Ida, jouaient avec Lila, sa fille de 8 ans, et d’autres gamins.

Lorsqu’elle a fêté son anniversaire en janvier dernier à Paris, au Montana, la boîte de nuit de son ami et témoin de mariage Jean-Yves Le Fur, elle était entourée d’une bande de copines British, tout sauf hautaines. Même genre ce soir. Ils étaient une trentaine d’amis, dînant dehors de hamburgers-frites autour des tables en bois, dont Mick Jones des Clash, Sadie Frost, la mannequin Frankie Rayder, Jade Jagger, le créateur de Saint Laurent Stefano Pilati, sa mère Linda Moss… On pouvait entendre Kate rire, dire de sa voix aiguë à l’accent mi-cockney, mi-posh : « J’étais tellement stressée. » Elle s’est éclipsée tôt, à 21 h 30. Il fallait se préserver pour le sacré lendemain.

Une cérémonie familiale, amicale, et rock'n'roll

Kate et Jamie ont échangé leurs vœux en ­milieu d’après-midi. La cérémonie a été modeste, familiale, amicale, et rock’n’ roll, les enfants de chœur chantant « You Can’t Always Get What You Want » des Stones. La soirée prévue dans le jardin de Moss, où six tentes et trois tipis ont été dressés, sera dans cette veine : bohémienne, cool, pas mondaine, malgré la centaine d’invités prévus. Certes, Bryan Ferry, Iggy Pop ou Beth Ditto pourraient assurer la partie musicale de l’événement, mais ce sont des proches.

Mario Testino joue les photographes de mariage. Il la fréquente depuis ses débuts. Si Naomi Campbell daigne apparaître, c’est parce qu’elles ont commencé gamines ensemble. Jake Chapman, artiste contemporain, Jefferson Hack, le père de sa fille, Jude Law, Mario Sorrenti constituent son cercle d’intimes. 

Avec certains, elle a écumé les festivals de musique qu’elle adore, l’été, en bottes de caoutchouc et shorts en jean. Avec d’autres, elle a défilé, ­couché, vécu. Aucun archiduc ou vieux lord décati ne franchira les portes du « ­festival de mariage Moss » par convenance. Si Kate se range des ­voitures, ce n’est pas pour rouler à scooter. Mr Moss, Jamie Hince, doit donc ­posséder de sérieuses qualités.

Jamie n'est pas une star et ne semble pas avoir envie d'en être une

Il a 42 ans, est brun, porte des pantalons slim, des vestes en cuir cintrées et des boots. Jamie est rockeur, il faut bien que cela se voie en plus de s’entendre au sein de son groupe, The Kills. Ni renversant de charme ni intriguant de laideur, Hince serait un type sympa. Ses excès sont à la hauteur de ses succès, modérés.

Il n’est pas une star, ne semble pas avoir envie d’en être une. Kate l’a rencontré fin août 2007 en coulisse d’un de ses concerts. Elle venait de congédier Pete Doherty, chanteur aussi charismatique que drogué des Libertines, actuellement emprisonné. Leur histoire a été passionnelle, violente, ­destructrice et scandaleuse. 

La une du tabloïd « The Daily Mirror » titrée « Cocaine Kate », en 2005, assortie d’une vidéo où madame sniffe de grosses lignes de poudre blanche au studio d’enregistrement, a eu le retentissement que l’on sait : cure de désintoxication en Arizona, exil de huit mois à l’étranger et… carrière plus intense que jamais, passé les remous, l’épisode faisant d’elle l’icône rebelle que les marques de luxe attendaient.

Jamie avait l’avantage ou l’inconvénient d’exercer la même profession que Pete. Comparaison n’est pas raison. Leur histoire est sur de meilleurs rails, malgré une brève rupture en 2008. Elle ne participe pas à ses disques, ne se pique pas de monter sur scène à ses côtés, ne figure pas dans ses clips. Cela semble moins frénétique, moins adolescent.

Elle a visité, au printemps, une clinique spécialisée dans les problèmes de fertilité. Depuis Johnny Depp, c’est sa relation la plus longue avec un homme, quatre ans. Elle interdirait à Jamie d’appeler son ex-petite amie, un mannequin français de 25 ans prénommé Valentine. Kate est comme tout le monde, elle vieillit, redoute les petites jeunes qui rôdent, se marie pour signifier « il est à moi ».

L'icône rebelle a perdu beaucoup de ses amis. Aujourd'hui, elle entame sa deuxième vie

Pourtant, professionnellement, elle les domine encore. Saint Laurent, Rimmel, Topshop, Dior, Longchamp, Isabel ­Marant, Mango récemment : elle accepte toutes les campagnes, comme une ­actrice qui prend tous les rôles avant qu’ils ne lui soient plus offerts. Aucune stratégie de la rareté : elle pose pour des couvertures de magazine presque chaque semaine. 

Elle gagne encore un argent fou, bien plus que Jamie. Si Moss est la dernière et plus grande top model, c’est parce qu’elle aime ça, regarder l’objectif quelques heures et partir sans autre obligation que de se démaquiller. Elle ne prend pas sa profession pour un pis-aller en rêvant d’un avenir artistique incertain. Elle n’a jamais accepté un rôle de potiche dans un film, n’a jamais enregistré de disque malgré un amour évident pour le rock et ses faiseurs. 

Elle ne donne aucune prise aux critiques. Ecrire sur elle, c’est écrire sur son image. D’autant qu’elle accorde aussi peu d’interviews que le Pape, et pour ne rien dévoiler ni justifier, ­évidemment. Elle a raison. A-t-on déjà demandé à un portemanteau de commenter un vêtement ?

Mais le temps file, même pour elle, seul mannequin qui résiste aux rides en buvant du champagne ou de la vodka tard le soir, et en bronzant sur un yacht ou une plage privée de Thaïlande l’hiver. Le créateur Alexander McQueen, son ami des années folles, s’est suicidé l’an dernier. Corinne Day, la photographe qui l’a lancée – Moss avait alors 16 ans –, est morte d’une tumeur au cerveau en août 2010.

John Galliano, autre grand copain de fiesta, a dilué son talent et sa lucidité dans l’alcool et les antidépresseurs depuis le décès d’un de ses intimes en 2007. Les frères Gallagher se sont séparés. Naomi Campbell sort avec un oligarque russe. L’époque du « cool Britannia», des débuts prometteurs de Tony Blair, est terminée. La jeunesse est révolue malgré les miracles de Photoshop. Moss ­entame une deuxième vie. A sa manière, filant en Rolls vintage, « Gimme Shelter » des Stones à fond, ­radieuse aux côtés de Jamie et Lila.

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