La crise économique a eu un impact sur le niveau de vie de "l’ensemble des ménages" français, mais "ce sont les plus modestes" d'entre eux qui ont été "les plus touchés", avance l'Insee dans une étude publiée mardi 30 août.
Cette "photographie" montre en l'occurrence que le niveau de vie des plus modestes a baissé entre 2008 et 2009, alors que, dans le même temps, celui des ménages les plus aisés a continué d'augmenter, même si, pour certains d'entre eux, c'est moins rapidement que les années précédentes.
Elle témoigne aussi d'une progression du nombre de personnes pauvres (+ 337 000, à 8,17 millions) et de la proportion de personnes ayant un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté (+ 0,5 point).
Le niveau de vie d'un ménage correspond à son revenu disponible (somme des revenus d’activité, retraites, indemnités de chômage, revenus du patrimoine et financiers et prestations sociales, moins les impôts directs) divisé par le nombre d’"unités de consommation" figurant dans le ménage.
Une unité de consommation est attribuée au premier adulte du ménage, 0,5 unité autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 unité aux enfants de moins de 14 ans. Le niveau de vie est donc le même pour toutes les personnes d’un même ménage.
Niveau de vie médian
En 2008, la population française se coupait en deux autour d'un niveau de vie de 19 000 euros par an. En 2009 la ligne de partage se situe à 19 080 euros (soit 1 590 euros par mois). En euros constants, la progression est de 0,4 %.
Niveau de vie des Français les plus modestes
Entre 2005 et 2008, les quatre premiers déciles de la population, c'est-à-dire les 40 % de personnes les plus modestes, avaient connu une progression annuelle moyenne de leur niveau de vie d’environ + 2 %.
L'année 2009 a marqué un coup d'arrêt : "en euros constants, les quatre premiers déciles diminuent", indique l'Insee, soulignant que la baisse est "plus marquée pour le premier décile".
Le niveau de vie des 10 % des personnes les plus modestes a ainsi reculé de 1,1 %, devant "inférieur à 10 410 euros annuels".
L'Insee attribue pour une part cette situation à la "hausse du nombre de chômeurs dans le bas de la distribution des niveaux de vie".
L'institut de statistiques souligne, en creux, que cette baisse de niveau de vie aurait pu être pire encore. Il souligne, à ce titre, que les versements de prestations consécutifs à la perte de revenus du travail ont "atténué quelque peu la baisse des niveaux de vie", mais, surtout, que les mesures d’aides ponctuelles, sociales et fiscales, prises par le gouvernement en 2009, ont également joué un rôle d'amortisseurs pour les ménages modestes.
Niveau de vie des Français les plus aisés
Pour les personnes se situant au niveau de vie médian et au-delà, le niveau de vie a en revanche augmenté. L'Insee souligne notamment que, pour les 10 % les plus aisés, le niveau de vie était "supérieur à 35 840 euros annuels" en 2009, soit une augmentation de 0,7 % par rapport à 2008.
L'étude souligne néanmoins que cela "marque un ralentissement dans la progression de ce décile" par rapport aux années précédentes.
Pauvreté
Entre 2008 et 2009, le nombre de personnes dites pauvres est passé de 7,83 millions à 8,17 millions.
Cela signifie qu'elles se situent au-dessous du seuil de pauvreté, équivalent à 60 % du niveau de vie médian, soit 954 euros par mois en 2009.
Le taux de pauvreté, c'est-à-dire la proportion de Français vivant au-dessous de ce seuil atteignait 13,5 % fin 2009, contre 13 % un an plus tôt.
On revient ainsi à un niveau voisin de celui de 2007 (13,4 %).
L'Insee ajoute que, sur les 8,2 millions de personnes pauvres, 4,5 millions vivent en réalité avec pas plus de 773 euros par mois.
L'institut rappelle que le socle du RSA pour une personne seule est de 455 euros.